À quoi et à qui sert la formation des enseignants : aux enseignants eux-mêmes, à leurs élèves, aux autorités scolaires, à la société qui finance l’école et lui assigne – explicitement ou implicitement – ses finalités ?
À qui profite la formation continue des enseignants ? La recherche et l’expérience des professionnels montrent un paradoxe : dans un monde qui change constamment, aucune formation initiale n’a le pouvoir de tout faire. Interroger, consolider et développer les pratiques pédagogiques en cours d’emploi peut, par contre, coûter peu et rapporter beaucoup. Malgré cela, la formation continue des enseignants semble rester le parent pauvre des politiques éducatives, voire des revendications des professionnels. Peut-être parce qu’elle se trouve au centre de conflits d’intérêts difficiles à résoudre.
Ce livre propose pour la première fois un panorama des pratiques et des perspectives de formation continue des enseignants dans des pays francophones à la fois aussi proches et divers que la Belgique, la France, le Québec et la Suisse. Obligatoire ou pas, intégrée ou non dans l’emploi du temps, adressée aux individus ou aux équipes dans les établissements, conçue entre pairs ou décrétée par la hiérarchie, plus ou moins adossée aux projets du terrain, aux innovations pédagogiques et à la recherche en éducation, qualifiante par endroits, à d’autres non, la formation continue est polymorphe, foisonnante ou hésitante, mais peut-être en voie d’institutionnalisation. C’est à la fois un enjeu et un analyseur du processus de professionnalisation. Qu’en pensent et qu’en font concrètement les acteurs ? Comment l’articulent-ils avec leur travail ordinaire ? Pour quel bénéfice estimé, quelle réflexivité, quelle efficacité, en vertu de quels critères de validité ? Les chercheurs confrontent ici des analyses ancrées dans différents contextes, moins pour dessiner une formation continue idéale que pour identifier les orientations observables et les choix que ces orientations revendiquent ou dissimulent de facto, d’autant plus tant qu’elles ne sont pas questionnées.